Gregory MARCHAND, coach des Samouraïs de SENS
1. Grégory, peux tu tout d’abord te présenter et surtout nous expliquer comment t’est venue la passion du baseball ?
Sénonais d’origine, bientôt 30 ans et bientôt marié (c’est pour cette raison que je fini toutes les bouteilles qui me passent entre les mains… oui, marié ou pendu !!!). C’est donc une année qui marque beaucoup de changements dans ma vie personnelle… et le baseball est un tout nouveau sport et une toute nouvelle passion qui s’inscrit également dans cette dynamique de changements… "Tout nouveau" car je découvre de jour en jour ce sport que je croyais bien connaître étant plus jeune… mais in fine pas tant que ça ! A cette époque, j’avais voulu m’inscrire dans le club de baseball de Sens… Sauf qu’à Sens, il n’y a pas de club de baseball… bah dans l’Yonne alors ?... Euh, non plus ! Bref personne ne connaît ce sport, impossible de le pratiquer. Alors les années passent… mais tout ce qui se rapproche de près ou de loin à ce sport continue d’attiser ma curiosité et de happer mon attention… Et il y a un peu plus d’un an maintenant un article dans l’Yonne Républicaine sur un professeur d’anglais faisant pratiquer le baseball à ses élèves m’interpelle… Mince, je ne suis pas le seul à rêver de batte et de gants… mais il était aussi désemparé que moi face au manque d’infrastructures… Qu’à cela ne tienne, depuis le temps que j’ai envie de faire du baseball, je contacte cet enseignant et à tous les deux, on va bien pouvoir le créer ce club, c’est maintenant ou jamais… Ce prof s’appelle Laurent et deviendra donc le président du club… Voilà pour la partie "baseball" et l’"attrait" vers ce sport… la partie "passion" n’arrive qu’ensuite… Je m’intéresse donc un peu plus en détails aux règles, à l’historique, au passe-temps américain, aux films, aux ouvrages, aux matchs, je découvre un jeu physique, stratégique et mental. Et là je mets le pied dans un monde, non pas compliqué, mais complexe, où l’on se dit que chaque jour passé dans l’univers "baseballistique" nous apprendra toujours quelque chose de nouveau, c’est une infinie richesse que je commence à explorer et ça c’est terriblement passionnant…
2. Depuis l’été dernier, en compagnie de Laurent le président des Samouraïs, tu t’es lancé dans l’aventure de créer un club. Quel est, après 8 mois maintenant, ton premier bilan sur cette association et quel regard portes tu sur votre démarche ?
Le club a été créé très rapidement et surtout à partir de rien, quasiment aucun matériel, ni même aucune expérience de notre part. Le mur était devant nous, ça ne faisait que 3 ou 4 mois que l’on se connaissait avec Laurent, le courant est tout de suite très bien passé et nous n’avons pas mis très longtemps pour définir les valeurs communes que l’on voulait transmettre… faire connaître ce sport et le promouvoir bien sûr, mais surtout s’amuser et prendre plaisir à jouer entre nous et avec les autres clubs dans la bonne humeur et le respect. Notre petit rêve américain en quelque sorte. Cela semble pourtant évident qu’un sport soit associé à ces valeurs, mais quand on en voit certains où la violence physique, la violence mentale ou encore l’exclusion prédominent, ils en sont loin !!! Aujourd’hui le club évolue de façon exceptionnelle car chaque joueur adhère à cet état d’esprit et nous marchons tous dans la même direction… enfin on ne marche pas, on court... L’association est donc très prometteuse et nous pouvons dire aujourd’hui qu’elle s’inscrit parfaitement dans une logique de pérennisation de l’activité.
3. Sportivement, la ligue de Bourgogne vous a forcé un peu la main pour participer de manière amicale à l’édition 2009 du championnat régional Baseball. Certaines journées ont parfois été plus dures que les autres d’un point de vue comptable, mais es tu déçu ou au contraire enthousiaste à l’idée de finir cette phase régulière en juin prochain ?
Lorsque la Ligue nous a proposé de participer au championnat, j’étais un peu déconcerté, on n’avait encore presque jamais réunis 9 joueurs en même temps aux entraînements ! Alors faire un championnat s’annonçait difficile ! Mais la participation se voulait pédagogique pour encourager notre évolution et non compétitive. Il a suffit de motiver les troupes dans ce sens, nous avions tout a y gagner. Le nombre de points encaissés n’a donc que peu d’importance par rapport à l’enseignement que l’on peut tirer de chaque journée, c’est en commettant toutes nos erreurs que nous progressons… et comme nous sommes fiers et heureux de nos progrès ! La fin de la phase régulière marquera donc la fin de belles journées à jouer au baseball, mais nous donnera également l’opportunité par la suite de travailler de façon stable aux entraînements tout ce que l’on aura appris pendant ces matchs. Nous allons continuer les rencontres amicales avec les clubs Bourguignons, Franciliens et Champenois.
4. L’intégralité du groupe des Samouraïs est composée de novices qui découvrent le jeu et ses subtilités lors de chaque échauffement ou encore jeu lors des matchs. Penses tu que cette découverte et par la même occasion cet apprentissage par les matchs est une bonne opportunité pour ton club ?
Lors de nos premiers entraînements cet automne, j’avais un peu de mal à savoir par quel côté commencer ! Que fallait-il travailler en premier ? On tournait un peu en rond faute d’expérience. Puis 4 Samouraïs (oui, on était peu nombreux à l’époque !) sont partis faire un "match" contre (avec) Troyes, la journée fut tellement instructive que nous avions eu l’impression de gagner au moins 2 mois d’entraînement… Ensuite quand la Ligue nous a fait cette proposition, nous l’avons prise comme une formidable opportunité d’acquérir très rapidement de l’expérience. Et grâce à ces confrontations on se connaît mieux, on connaît mieux nos joueurs et on prend conscience de nos difficultés. Maintenant quand je dirige les entraînements, je sais quoi travailler, par où commencer et quels sont les priorités afin de faire le moins d’erreurs possible lors des prochaines rencontres. Tous les Samouraïs sont très attentifs à tout ce qu’il se passe lors des matchs et des entraînements, ils ont une soif d’apprendre incroyable et c’est en effet très bénéfique pour le club.
5. Pour parler un peu de la Bourgogne, comment juges tu le niveau Bourguignon et quel est ton point de vue sur les clubs que tu as pu côtoyer ?
Le niveau est assez faible, nous alignons uniquement nos remplaçants pour éviter de démoraliser nos adversaires… (Rires) !!! Non, blagues à part, les équipes sont impressionnantes et redoutables, chacun à son rôle, tout le monde sait ce qu’il a à faire et tout se déroule sans accrocs ni fausses notes. Les coachs font du très bon boulot et l’on constate qu’ils ont énormément d’expérience. On reste souvent bouche bée devant des actions de jeu défensives de nos adversaires. Les clubs Bourguignons possèdent des équipes dirigeantes humainement formidables, elles ont eu conscience de nos difficultés de monter un club à partir de rien. Tout le monde a bien compris que le but n’était pas de nous mettre un maximum de points mais bel et bien de nous faire jouer. Cela a également permis de faire jouer des juniors ou des débutants des autres clubs, cela contribue donc à une grande satisfaction générale. Les relations sont donc très cordiales… peut-être aussi parce que nous ne représentons pas une menace sérieuse sportivement… dans quelques années les choses évolueront peut-être mais nous mettrons un point d’honneur à garder des relations bienveillantes et sympathiques avec chaque club, c’est aussi grâce à eux que nous sommes là !
6. D’un point de vue plus personnel, comment vis tu ton rôle de référent et d’entraîneur au sein des Samouraïs ? Cumuler les "casquettes" d’entraîneur et joueur n’est parfois pas facile alors est ce un poids ou un avantage ?
C’est en effet tout aussi complexe que de comprendre les subtilités du baseball !!! Aucun sénonais n’ayant d’expérience préalable dans ce sport, il ne peut y avoir d’entraîneur à part entière. C’est donc un gros travail et l’investissement est assez conséquent pour pouvoir fournir un entraînement qui tienne la route. Il faut se documenter en permanence, aussi bien à l’aide d’ouvrages papiers que numériques, mais également se faire conseiller par des coachs expérimentés comme Julien de Nevers qui est bien conscient de cette difficulté et me donne le plus d’éléments possible pour m’aider. Le fait que je sois joueur permet d’affiner et d’accréditer mes explications aux joueurs car je parle en connaissance de cause en rencontrant forcément les mêmes difficultés qu’eux sur le terrain. L’inconvénient est que lorsque je m’entraîne mon attention n’est pas entièrement dévouée à l’observation des joueurs, d’où la difficulté de trouver un juste milieu... M’entraîner et réaliser moi-même les exercices que je propose me permet de surcroît d’avoir un jugement critique sur mon entraînement et ainsi le remettre en cause. Phil qui possède également le DFI, commence à m’aider grandement sur la prise en charge de divers ateliers et apporte un œil critique pertinent sur les entraînements dans l’objectif de les améliorer. Laurent, également titulaire du DFI, intervient aussi ponctuellement pour la correction de gestes techniques ou encore certaines règles.
7. Pour parler avenir, quels sont les objectifs des Samouraïs pour les mois à venir et surtout pour la rentrée prochaine ?
Lorsque le championnat sera terminé, nous aurons un gros travail de communication afin de recruter et fidéliser de nouveaux joueurs. Cela se traduira par une campagne d’affichage mais également par des projets en collaboration avec la mairie, la communauté de communes et quelques sociétés sénonaises. Plus le club bougera et plus nous aurons des arguments de poids pour recruter ou encore acquérir un terrain de meilleure qualité que celui que l’on a actuellement à Gisy. Sportivement, nous allons multiplier les rencontres amicales pour continuer d’apprendre tel qu’on le fait actuellement avec le championnat. Ensuite à la rentrée nous ouvrirons une section minimes, il y a un vivier conséquent de jeunes joueurs qui n’attendent que ça… ce sont les élèves de la classe baseball de Laurent. Plus personnellement, j’ai en projet avec Phil de passer le DEF1, ainsi nous aurons plus d’élements en main pour optimiser la préparation de nos joueurs au championnat 2010 afin de mettre en place les phases stratégiques qui nous font défaut actuellement… Il y a donc encore beaucoup de travail mais je suis certain que dans peu de temps les Samouraïs pourront atteindre le niveau des autres clubs Bourguignons…
Merci et longue vie aux Samouraïs